Directrice Générale de Provence Tourisme, Isabelle Brémond est engagée depuis plusieurs mois dans l’animation de la commission “responsable” d’ADN Tourisme. Elle a accepté avec enthousiasme de répondre à nos questions pour évoquer les différents chantiers engagés et insister sur l’urgence d’agir.
A l’heure où les acteurs du secteur touristique s’emparent de la question du « tourisme responsable » et qu’une consultation citoyenne a été lancée sur le sujet, quelle est la plus-value des organismes institutionnels de tourisme en la matière ?
Tout d’abord, je souhaiterais insister sur le fait que l’action collective en faveur d’un tourisme responsable est au cœur de la raison d’être de notre Fédération et, j’en suis convaincu à titre personnel, le seul choix possible pour l’avenir du secteur. C’est pour œuvrer en ce sens que le Président d’ADN Tourisme, Christian Mourisard, a demandé la mise en place d’une commission spécifique dont il a souhaité me confier l’animation et je l’en remercie. Il insiste d’ailleurs – et comment ne pas le suivre sur ce point – sur le terme « responsable » plutôt que « durable », beaucoup plus impliquant et mobilisateur pour tous les acteurs ! Il est vrai que la crise a entraîné une véritable prise de conscience sur le sujet ; pour autant, les organismes institutionnels de tourisme sont déjà très engagés sur le sujet. En tant que courroie de transmission entre les collectivités et les professionnels, ils jouent un rôle essentiel d’accompagnement, d’impulseur, d’accélérateur auprès des professionnels. Ils ont également un rôle important de formation et de sensibilisation de tous les publics.
Quels sont les grands axes de travail identifiés par la commission « responsable » au sein d’ADN Tourisme ?
Notre objectif au sein de la commission est d’amplifier concrètement cette prise de conscience en identifiant les bonnes pratiques et en facilitant l’échange d’expériences. Tout d’abord, il était impératif de faire un état des lieux de tous les sujets sur lesquels la Fédération et son réseau vont pouvoir agir pour les prioriser et mettre en place des groupes de travail. Le premier chantier est l’élaboration d’un guide sur les démarches de progrès et de qualification. Puis suivront d’autres sujets comme l’accessibilité et la gestion des flux, le numérique responsable ou encore la sensibilisation des publics. En parallèle, sous l’impulsion du Conseil d’administration, nous avons souhaité interroger notre réseau pour élaborer une prise de parole forte et engageante sur le sujet. Celle-ci prendra la forme d’un manifeste qui sera assorti d’actions concrètes, présentée au Congrès d’ADN Tourisme en septembre prochain à Agen.
Au sujet de ces actions concrètes, quelles pourraient être les premières à mettre en place au niveau du réseau des organismes institutionnels de tourisme ?
Grâce à un questionnaire envoyé à l’ensemble de nos adhérents, nous avons pu identifier les principaux champs d’action sur lesquels nous pouvions tous intervenir collectivement : en premier lieu, la sensibilisation (avec des actions d’information et de communication) auprès des touristes et des résidents, ainsi que la formation et l’information en interne vis-à-vis des élus et de nos équipes, et aussi auprès des professionnels. L’accompagnement dans les démarches de progrès est également un vaste domaine dans lequel il y a de nombreuses actions à mener. Troisième axe fort : celui des indicateurs qui doivent être identiques pour tous sans quoi nous serons dans l’incapacité de mesurer le résultat des efforts fournis. Enfin : l’impulsion, au niveau local, de projets innovants dans le moyen ou long terme – car, soyons lucides, la transition vers un nouveau modèle de tourisme ne se fera pas en un jour. Créer les conditions d’émergence d’une nouvelle hospitalité sur les territoires coconstruite avec les visiteurs, les professionnels, et les habitants : voilà un beau et exigeant challenge pour les mois à venir !
ADN Tourisme