François de Canson, Président du CRT Provence-Alpes-Côte d’Azur a été élu Président d’ADN Tourisme le 19 mai dernier. Sa vision du tourisme, les dossiers prioritaires qu’il souhaite porter : il répond à nos questions.
Vous venez d’être élu Président d’ADN Tourisme. Quel regard portez-vous sur la Fédération ?
En tant qu’administrateur, j’ai participé à la naissance de la Fédération en 2020, avant d’en prendre la Présidence déléguée, puis aujourd’hui la Présidence. Autant dire que j’ai pu constater de l’intérieur combien cette fusion de trois fédérations, que certains redoutaient, a été une réussite. Et cela tient beaucoup à la volonté commune de tous les élus, au premier rang desquels les trois Présidents des structures d’origine dont je tiens à saluer l’engagement, mais aussi à l’investissement et au dynamisme des salariés et de la direction qui ont dû travailler dans des conditions atypiques: ce n’est pas rien de vouloir fédérer un réseau de 1200 structures et 13500 adhérents en plein confinement !
Mais, grâce à cette volonté commune et à tous ces efforts conjugués, ADN Tourisme a pris sa place à la tête des acteurs institutionnels du tourisme, en veillant à préserver la spécificité de chacun tout en incitant au plus et au mieux travailler ensemble. La recherche de l’équilibre et l’écoute du terrain sont deux maître-mots : en effet, nos adhérents sont par nature très hétérogènes, tant en termes de taille, de budget que de missions : notre objectif est de répondre aux besoins de chacun, tout en créant les conditions propices au dialogue des territoires entre eux en dépassant les classiques clivages administratifs.
Comment souhaitez-vous conduire votre mandat ?
Après deux années d’existence, il s’agit désormais de stabiliser le modèle, tout en développant un plan d’actions ambitieux pour l’avenir au plus près des besoins du terrain. Pour cela, il est indispensable de cultiver cette logique partenariale qui est au cœur du fonctionnement d’ADN Tourisme, en premier lieu au sein de notre réseau, mais aussi avec nos partenaires, notamment l’Etat et ses opérateurs (Atout France, ANCV, ADEME…) sur des sujets clefs tels que l’observation. En la matière, nous avons fait de grandes avancées grâce à la mise en place de France Tourisme Observation. Mais il va falloir encore aller plus loin si nous voulons rattraper le retard que notre pays connaît pour obtenir rapidement des données fiables et exhaustives sur le secteur.
Je souhaite également que nous puissions resserrer nos liens avec les acteurs privés, par exemple ave Alliance France Tourisme ou encore la Confédération des Acteurs du Tourisme notamment sur la question cruciale de l’emploi. Tout comme nous devons densifier nos relations avec l’ensemble des grandes filières.
Les plus grands défis ne sont pas dernière nous, nous aurons besoin de toute la puissance de ces réseaux cumulés pour porter haut les couleurs du tourisme français, et permettre à cette économie de reconquérir durablement sa vigueur.
Emploi, investissement, préservation de l’environnement, pénuries en tout genre, érosion du pouvoir d’achat… : les thèmes sur lesquels nous focaliser sont légion.
La crise a profondément fragilisé le secteur touristique, tout en accélérant des mutations déjà à l’œuvre. Selon vous, comment les organismes institutionnels de tourisme et leur fédération peuvent-ils appréhender ces évolutions ?
Avant tout souligner le rôle essentiel des territoires aux côtés de l’Etat dans l’aide et l’accompagnement des acteurs du tourisme dans la crise massive que nous avons traversée. Il est important que nous puissions continuer à leur apporter ce soutien, notamment dans le but d’une montée en qualité de l’offre.
En effet, les bouleversements du secteur sont nombreux et profonds. Je pense d’abord à la question de l’emploi qui touche beaucoup de professionnels. En notre qualité de syndicat d’employeur, ADN Tourisme est très active sur tout ce qui touche à la convention collective des organismes de tourisme, mais aussi sur tous les sujets en lien avec la formation. Face au défi du recrutement et de l’attractivité auprès des jeunes des métiers que proposent nos structures, je souhaite que la Fédération travaille à une « marque employeur » qui permettra de valoriser nos activités. Les grands évènements sportifs à venir (Rugby 2023, Jeux Olympiques et Paralympiques 2024) constituent en cela une formidable opportunité.
Les stratégies nationale et européenne en matière de tourisme s’appuient sur la nécessité d’une transition numérique et écologique. L’action d’ADN Tourisme s’inscrit également dans cette dynamique. En septembre 2021, la Fédération a publié un « manifeste pour un tourisme responsable » qui se veut très concret. D’ici 2023, nous prévoyons le déploiement d’une trentaine d’actions. Certaines sont déjà effectives : nous venons de signer avec Caroline Mignon, présidente d’Acteurs du Tourisme Durable, une convention de partenariat dont la première réalisation est la publication d’un guide des démarches de labellisation. Nous avons également noué en ce sens des contacts avec l’ADEME et l’ANCV. Par ailleurs, ADN Tourisme est très engagée sur la question de l’accessibilité en œuvrant au déploiement de la marque Tourisme & Handicap. Les questions de mobilités et de gestion des flux sont également au cœur de notre réflexion.
Enfin, il est essentiel d’anticiper l’avenir. C’est pourquoi la Commission Prospective d’ADN Tourisme planche sur la manière dont les mutations des comportements touristiques impacteront les organisations dans leurs écosystèmes en 2030.
Comme vous pouvez le constater, les chantiers qui nous attendent ne manquent pas, mais adhérents, comme partenaires attendent qu’ADN Tourisme puisse à la fois être un espace d’échanges et de mutualisation, une voix qui porte et qui soit force de propositions sur tous ces sujets : c’est dans cet état d’esprit que je souhaite présider la fédération.
ADN Tourisme